Mai 12, 2025
Saviez-vous que de nombreuses maisons d’édition collaborent régulièrement avec des conseillers ou conseillères éditoriales ? Bien que moins connu·e·s que les agent·e·s littéraires, ces professionnel·le·s jouent un rôle d’intermédiaire entre les auteur·e·s et les maisons d’édition.
Dans cet article, je vous partage les caractéristiques de cette fonction telle que je l’exerce, même si chaque conseiller ou conseillère a sa propre manière de travailler et d’accompagner les auteur·e·s dans la publication de leur livre. Dans le milieu, on parle aussi couramment « d’apporteur·se de projets ou d’affaires” pour désigner cette prestation qui se pratique en tant qu’indépendant·e.
Les personnes conseillères éditoriales sont souvent d’anciennes professionnelles de l’édition qui connaissent bien les rouages de l’édition et ont une bonne connaissance de la chaîne graphique. Au fil des années, elles ont su développer leur réseau, ce qui leur permet d’entretenir des relations privilégiées avec des maisons d’édition et de leur proposer certains projets en priorité.
Ce sont parfois aussi des personnes qui ont collaboré avec des maisons d’édition, comme des journalistes par exemple. Et certain·e·s auteur·e·s décident également de devenir apporteurs·ses de projets ou agent·e·s. Au regard de leur propre expérience avec les maisons d’édition, ils et elles accompagnent les auteur·e·s dans leur relation avec les maisons et répondent à leurs interrogations tout en les conseillant au mieux.
🌼 Le parcours de Alix Lefier-Delcourt, que j’ai récemment interviewée, illustre bien le fait qu’on peut tout à fait être auteure et apporteuse de projets. Retrouvez ici son interview.
Je pense également à deux auteures que j’ai eu le plaisir de publier lorsque je travaillais aux éditions Leduc, et qui sont devenues, pour l’une agente et pour l’autre apporteuse de projets pour différentes maisons d’édition, en parallèle à leur activité d’auteure.
Il s’agit de Caroline Frisou, l’auteure des 4 secrets de l’abondance et des 4 sagesses indiennes, et de Katia Bougchiche, auteure de L’Eveil des sorcières. Leur précieuse expérience leur permet d’être à l’aise dans la mise en relation d’auteur·e·s avec des maisons d’édition.
En plus d’être auteures, Caroline Frisou et Katia Bougchiche sont, respectivement, agente et apporteuse de projets. Elles auditent les projets de livres des auteur·e·s, les conseillent et les mettent en relation avec les maisons d’édition.
Pour ma part, j’ai découvert le métier d’apporteuse d’affaires lorsque j’étais responsable d’édition aux éditions Leduc. J’avais un quota de livres à publier chaque année et afin de démarcher des auteur·e·s et de développer mon catalogue de parutions, je prospectais sur les réseaux sociaux, dans la presse, en écoutant des podcasts…
J’avais aussi des rendez-vous réguliers avec plusieurs conseillères éditoriales que je connaissais bien. Chacune avait ses domaines de prédilection et elles faisaient une présélection dans les synopsis qu’elles m’envoyaient. Quand un projet m’intéressait, nous faisions un rendez-vous avec l’auteur·e pour échanger sur le contenu, ce qui confirmait ou pas mon intérêt pour le projet.
La première mission d’une conseillère éditoriale est d’auditer le manuscrit de l’auteur·e, ou son projet de livre si le contenu n’est pas encore écrit. C’est la qualité première d’un ou d’une conseillère éditoriale : porter un regard d’expert·e sur le texte ou le projet de l’auteur·e, pour faire un retour sur ses forces et ses zones de fragilité.
Grâce à son expérience, ce ou cette professionnelle est à même de déceler le potentiel d’un texte ou d’un projet en fonction du secteur et des attentes du lectorat. Ce regard est le fruit de nombreuses années d’expérience et d’une bonne connaissne du marché. C’est sur cette qualité que les maisons d’édition s’appuient pour collaborer avec des conseillers ou des conseillères.
La deuxième mission d’un ou d’une conseillère éditoriale est d’élaborer un synopsis avec l’auteur·e, qui est une présentation synthétique et attractive de son projet de livre. Ce document a pour but de mettre en avant ses atouts et de permettre à l’éditeur ou à l’éditrice d’avoir rapidement une vue d’ensemble du projet.
Le ou la conseillère prend donc le temps de réaliser avec l’auteur·e un synopsis affiné qui présente les grandes lignes du projet : pitch, points forts, biographie de l’auteur·e, ses réseaux, plan et rubriques récurrentes, possibilités des canaux de diffusion à parution…
🌼 Pour plus de détails sur le contenu du synopsis d’un livre, vous pouvez lire mon article dédié à ce sujet. Et si vous souhaitez en savoir plus sur la façon de présenter le synopsis d’un oracle, consultez cet article dédié à ce type de coffret de cartes.
Le but est qu’en quelques pages, l’éditeur ou l’éditrice ait une bonne vue d’ensemble de l’angle du livre, de son contenu et du profil de l’auteur·e. Ainsi, il ou elle voit d’emblée s’il ou elle a le désir de le publier. Le but de ce synopsis est de susciter l’envie de rencontrer l’auteur·e, d’où l’importance de prendre le temps d’élaborer ce document.
📚 Les qualités d’un ou d’une conseillère éditoriale
📙 Un regard d’expert·e pour évaluer la qualité d’un manuscrit ou le projet de l’auteur·e.
📙 Un excellent relationnel pour construire avec l’auteur·e une relation de qualité et de confiance.
📙 Une bonne connaissance de la chaîne graphique et des exigences liées à la publication en maison d’édition.
📙 Des qualités de conseil pour accompagner l’auteur·e dans ses échanges avec l’éditeur ou l’éditrice, du premier rendez-vous jusqu’à la contractualisation du projet de livre.
📙 Un bon réseau dans le milieu de l’édition.
📙 Une connaissance affinée des enjeux du marché, et une veille active sur les sujets porteurs, émergents.
Une fois le synopsis réalisé, le ou la conseillère éditoriale sélectionne les maisons d’édition qui peuvent être intéressées par le projet. En général, il ou elle a développé un solide réseau et connaît bien les catalogues des maisons d’édition.
C’est tout l’intérêt de passer par un ou une conseillère éditoriale, qui a de nombreux contacts et entretient des relations privilégiées avec les éditeurs et les éditrices. Cela lui permet d’avoir un retour assez rapide de la part des maisons d’édition sollicitées.
Lorsqu’une maison d’édition est intéressée par le projet proposé, le ou la conseillère éditoriale organise un rendez-vous en visio ou en présentiel avec l’éditeur ou l’éditrice et l’auteur·e. Le but est de faire connaissance et de parler du contenu du livre, de l’écriture du manuscrit, de sa date de remise, des conditions contractuelles…
🌼 Si vous souhaitez en savoir plus sur tous les sujets abordés lors de ce premier rendez-vous, consultez mon article dédié au premier rendez-vous avec une maison d’édition : c’est par ici !
Ce rendez-vous est le moment pour l’auteur·e de poser toutes les questions sur l’ADN de la maison d’édition, sur son savoir-faire, sur la ou les personnes qui l’accompagneront pendant la phase de conception du livre ainsi qu’au cours de la promotion du livre… La présence du ou de la conseillère éditoriale est importante et rassurante, car il ou elle est là pour s’assurer que tout est clair pour l’auteur·e et que toutes ses questions trouvent une réponse.
À l’issue du rendez-vous et après une validation du projet en interne, l’éditeur ou l’éditrice confirme son intérêt ou l’infirme. Si le projet est confirmé, il ou elle prend soin de récapituler par écrit à l’auteur·e les conditions contractuelles, ainsi que les informations importantes : le calibrage, la date de remise du manuscrit, le titre provisoire du livre, le mois de parution, le tirage estimatif…
À la différence d’un·e agent·e littéraire, le ou la conseillère éditoriale ne représente pas juridiquement l’auteur·e. Il ou elle ne se rémunère donc pas sur les droits d’auteur·e touché·e·s par l’auteur·e, mais touche une rémunération forfaitaire de la part de la maison d’édition, en tant que prestataire.
Dans les faits, en tant que conseillère éditoriale, je conseille les auteur·e·s sur leur contrat et je donne mon avis sur leurs droits d’auteur·e et les clauses. Par exemple, je vérifie toujours si une clause de préférence est présente au contrat. Si c’est le cas, nous en parlons avec l’auteur·e. Si vous voulez en savoir plus sur cette clause, lisez mon article dédié au contrat d’auteur·e ici.
Une fois le contrat d’auteur·e signé, le ou la conseillère éditoriale est garant·e vis-à-vis de la maison d’édition que l’auteur·e écrive bien son livre et le rende à la date indiquée au contrat. Il ou elle est donc tenu·e de faire des points réguliers avec l’auteur·e pour s’assurer de l’avancée de l’écriture, en respectant la direction éditoriale convenue avec la maison d’édition. Il ou elle prend le temps de lire les chapitres au fur et à mesure et fait un premier retour critique et bienveillant à l’auteur·e, en parallèle à l’éditeur ou l’éditrice.
Bien sûr, il arrive parfois qu’il y ait du retard dans la remise du manuscrit et les éditeurs et éditrices sont habitué·e·s à jongler avec des livraisons de manuscrit qui sont retardées. L’essentiel, dans ce cas, est que le ou la conseillère éditoriale prévienne la maison d’édition suffisamment tôt pour que l’éditeur ou l’éditrice décale la parution du livre au planning de suivi de production.
En principe, le rôle du ou de la conseillère s’arrête à la remise du manuscrit à la date de livraison prévue. Dans les faits, il ou elle reste en contact avec l’auteur·e et intervient s’il y a un contretemps, un imprévu. Je pense notamment au moment de la promotion du livre, étape stratégique et importante au cours de laquelle l’auteur·e a besoin de soutien et peut compter sur le ou la conseillère éditoriale et son réseau.
👉 Vous le voyez, les missions d’un ou d’une conseillère éditoriale sont multiples. Ce ou cette professionnelle de l’édition intervient à plusieurs étapes clés de la réalisation du livre et son but est de mettre l’auteur·e en lien avec des maisons d’édition, de l’accompagner et de le ou la conseiller au mieux. Il est essentiel qu’une relation de confiance s’établisse entre eux, afin que les rapports soient fluides, transparents et féconds.
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